Durant l’hiver 1969, le sculpteur Jordi Bonet donne naissance à la murale du Grand Théâtre de Québec. Selon l'architecte Victor Prus, concepteur de l'édifice, « il s'agit, pour une des premières fois dans l'histoire de l'art contemporain, d'intégrer totalement les arts plastiques à l'architecture ».
Stimulé par cette volonté d'intégration, le sculpteur entreprend une démarche visant l'unité thématique totale entre l'œuvre et la fonction de l'édifice. Jordi Bonet et ses assistants procèdent, sans maquette, à une improvisation magistrale mais ô combien articulée, visant à donner vie à la matière. « Un cri d'amour lancé à la face du monde », dixit le poète Claude Péloquin, à qui l'on doit les textes — controversés à une époque révolue et déjà paléontologique — inscrits sur la murale.
Depuis son dévoilement en 1971, cette murale de plus de 1 000 mètres carrés témoigne avec richesse et sensibilité du but visé et atteint par son auteur : « faire de beaux murs, les gravant, les égratignant, les sculptant, leur laissant les traces de cette lutte qui est la poursuite d'une expression de beauté et que nous appelons "créer" ». Une œuvre monumentale en tryptique dont les thèmes abordent « le passé, le présent et le futur », c'est-à-dire « la mort, l'espace, la liberté ».