Sourced from :LNC"Il est indissociable de la pointe Maa, où il s'est échoué en janvier 1988. C'est là que s'est terminée la vie mouvementée du Mélanésia, ex-Glenelg, après moult arraisonnements, échouages et avaries.
Vingt ans déjà qu'une silhouette inévitable marque la pointe Maa, à Païta. Celle d'un cargo, du moins ce qu'il en reste, tant l'épave se rapproche chaque jour un peu plus du tas de rouille. Les baigneurs de la baie Toro, les plaisanciers qui longent la côte, les promeneurs qui osent pousser jusque-là le connaissent bien. Mais se rappellent-ils l'histoire de celui qui s'est appelé tour à tour le Judith-Mary, le Glenelg et le Mélanésia, entre autres ? Ce passé digne d'un roman de flibustiers, on le retrouve dans les articles de presse archivés soigneusement par l'association Fortunes de mer. Selon l'une de ces sources, non précisée mais datée de 1981, le bateau voit le jour dans un chantier naval allemand en 1954. Les Espagnols l'affrêtent ensuite pour la pêche aux crustacés. Plusieurs fois baptisé et débaptisé, il devient le Judith-Mary, puis le Glenelg. Un feuilleton à rebondissement C'est sous ce nom qu'il va vivre des aventures à rebondissements comme le racontent Les Nouvelles calédoniennes du 28 janvier 1988. Le cyclone Anne venait de pousser le navire jusqu'à la petite plage où il git toujours, alors qu'il reposait au mouillage derrière l'île aux Chèvres, en baie de Dumbéa. L'article détaille comment, au début de l'année 1980, le Glenelg «est immobilisé dans un petit port australien » alors qu'il faisait du cabotage, car « son capitaine, Kenneth Cassel, a des problèmes avec un armateur ». En pleine nuit, le capitaine et un associé prennent littéralement le large avec le bateau, avant de mouiller dans le canal du Second, à Santo. Les deux hommes arrivent au mauvais moment. Ils sont soupçonnés d'avoir livré des armes à Jimmy Stevens, le leader anti-indépendantiste des Nouvelles-Hébrides, qui deviendront bientôt le Vanuatu. Saisi, le Glenelg est conduit à Port-Vila et mouillé près de l'îlot Ifira. Volé, échoué, déséchoué... «Coup de théâtre fin décembre 1981, continue le journal de l'époque : le Glenelg est de nouveau volé à Vila. (... ) Le 28 décembre 1981, [il] est signalé échoué sur un récif au large de Bélep. Kenneth Cassel est arrêté et extradé sur le Vanuatu avec son complice. » Le feuilleton n'est pas terminé. Le cargo est acheté par de nouveaux propriétaires. «Durant un an, ils vont travailler comme des forcenés pour arracher le navire au récif. » Le Glenelg est de nouveau à flot le 29 décembre 1982. Un mois plus tard, le voilà à Nouméa. « Rebaptisé Mélanésia, il ne naviguera plus. En décembre 1987, c'est en remorque qu'il quittera la petite rade, pour être mouillé au « cimetière des bateaux » , près de l'île aux Chèvres. » Quand le cyclone Anne se met à souffler quelques jours après, précise encore l'article, «l'ancre ripe, le bateau bouge et, peu à peu, se déplace et quitte son mouillage. Poussé par un vent violent, il dérive en direction de la pointe Maa où il s'échoue, drossé à quelques mètres du rivage ». Fin d'une histoire comme seule la mer sait les écrire."
Françoise Tromeur